samedi 18 avril 2015

Roumanie: Bucarest, le Palais du Parlement (I)

Le Palais du Parlement de Bucarest (Palatul Parlamentului), connu avant la Révolution de décembre 1989 sous le nom de Maison de la République (Casa Republicii) ou Maison du Peuple (Casa Poporului), mesure 270 mètres sur 240, 86 mètres de hauteur et 92 mètres sous terre. Il possède 9 niveaux à la surface et 9 niveaux sous-terrains.



Selon la World Records Academy, le Palais du Parlement est le plus grand bâtiment administratif à usage civil du monde, le bâtiment administratif le plus cher du monde et le bâtiment le plus imposant du monde.

Le bâtiment du Palais du Parlement se situe dans la partie centrale de Bucarest (secteur 5) sur une colline aujourd’hui dénommée Colline de l’Arsenal.
La colline sur laquelle se trouve aujourd’hui le Palais du Parlement est une création de la nature, ayant une hauteur de 18 mètres ; cependant la partie située du côté du Boulevard de la Liberté est une élévation artificielle.


La construction
Suite au tremblement de terre du 4 mars 1977, Nicolae Ceauşescu a cherché un emplacement pour le développement d’un très grand projet d’investissement. Il a repris une idée du roi Carol II datant de 1935 dont le projet prévoyait la construction de la Chambre des Députés sur la Colline de l’Arsenal. Ce projet avait été conçu par les plus grands architectes du monde. Mais avec la survenance de la Seconde Guerre Mondiale, les travaux restent sur le papier jusqu’en 1983 quand a commencé la construction du Palais du Parlement ; la cérémonie officielle de la pose de la première pierre ayant eu lieu le 25 juin 1984.

Le bâtiment présente une surface développée de 330.000 m² s’inscrivant, selon la World Records Academy, au chapitre « Bâtiments Administratifs », à la 2éme place derrière le Pentagone (Etats – Unis), mais du point de vue du volume, avec ses 2.550.000 , à la 3éme place derrière les bâtiments d‘assemblage de Cap Canaveral (Etats – Unis) et derrière la pyramide de Quetzalcoatl (Mexique).

Débuté à l’époque communiste (auto-intitulée « Epoque Dorée » de la Roumanie), le « Projet Bucarest » (« Proiectul Bucureşti ») a été un projet ambitieux du couple Ceauşescu initié en 1978 comme une réplique de la ville de Pyongyang, capitale de la Corée du Nord.

Au cours des années 1978 – 1979, un concours est organisé au niveau national pour la reconstruction de Bucarest. Le concours a duré près de 4 ans et a été gagné par Anca Petrescu (1949 – 2013), une jeune architecte de 33 ans qui a été nommée architecte en chef du projet.
Anca Petrescu en compagnie d'Elena Ceauşescu devant une maquette de la Maison du Peuple
Le chantier proprement dit a débuté en 1980 par la démolition de près de 7 km² du centre historique de la capitale (quartier Uranus) et le relogement de 40.000 personnes de cette zone, souvent dans des immeubles insalubres sans eau, ni gaz, ni électricité (car non terminés). Parmi les bâtiments abattus, on trouve notamment le Monastère de Văcăreşti, l’hôpital Brâncovenesc, les Archives Nationales, le Stade de la République ainsi que 22 églises. Les travaux ont été effectués sur la base des travaux forcés des militaires ainsi le coût a été réduit au minimum.

L'Hôpital Brâncovenesc

Le Monastère Văcăreşti en 1987 après sa démolition

Vue du Quartier Uranus après la démolition des Archives Nationales

Une rue du Quartier Uranus

Ce projet de reconstruction de Bucarest comprenait une série de bâtiments comme la Maison de la République/le Palais du Parlement, le Ministère de la Défense Nationale, la Maison de la Radio, La Maison des Hôtes/l’Hôtel Marriott, l’Académie Roumaine, le Parc Izvor et le Boulevard Victoire du Socialisme/Unirii.








Les bâtiments de l'ex - future Maison de la Radio en l'abandon en 2012
Le parc Izvor en 2013
Le Centre Civique aujourd'hui
L'arrière du Centre Civique aujourd'hui
 Ceauşescu souhaitait regrouper en un seul lieu les quatre plus grandes institutions du pays :
  •           La Présidence de la République (« Preşedinţia Republicii »)
  •           La Grande Assemblée Nationale (« Marea Adunare Naţională »)
  •           Le Conseil des Ministres (« Consiliul de Miniştri »)
  •           Le Tribunal Suprême (« Tribunalul Suprem »)

Des bâtiments résidentiels situés devant le palais complètent l’ensemble avec pour vocation de loger les fonctionnaires du régime (le Centre Civique)



A la chute du régime en 1989, la Maison du Peuple n’est pas achevée. Elle est gravement pillée et endommagée au cours des journées de décembre 1989. Le gouvernement provisoire décide tout de même de terminer le projet pharaonique car il a déjà coûté très cher. Au cours de sa construction, le coût est estimé à 40% du PIB du pays. En 1989, les coûts étaient estimés à 1,75 milliards de dollars mais en 2006 à 3 milliards d’euros.

Aujourd’hui, le bâtiment abrite entre autres la Chambre des Députés (1994) et le Sénat (2004). Le palais comprend également de nombreuses salles de conférence et divers salons utilisés pour des usages variés.














Données générales
  •          Les dimensions du bâtiment

-          Longueur : 270 mètres
-          Largeur : 245 mètres
-          Hauteur : 86 mètres
-          Profondeur : 92 mètres (sous le niveau du sol)
-          Surface au sol : 66.000 m²

  •          Les ressources utilisées

-          1.000.000 m³ de marbre
-          5.500 tonnes de ciment
-          7.000 tonnes de fer
-          20.000 tonnes de sable
-          1.000 tonnes de basalte
-          900.000 m³ d’essences de bois
-          3.500 tonnes de cristal
-          200.000 m³ de verre
-          2.800 candélabres
-          220.000 m² de tapis
-          3.500 m² de cuir.

A la construction ont participé 700 architectes et environ 20.000 travailleurs qui ont travaillés en 3 équipes, 24 heures sur 24. Des villages entiers ont été mis à contribution notamment pour le façonnage de cristal; des monastères ont été chargés du tissage des longs rideaux de soie et de fils d’or.


A suivre…

Demain, je vous invite à découvrir l'intérieur du Plais du Parlement...


vendredi 17 avril 2015

Roumanie: les plus beaux monuments historiques

Il est compliqué d’établir un classement des plus beaux monuments historiques de Roumanie. C’est une question assez subjective qui dépend des appréciations de chacun. De plus, il y a de nombreux monuments et il est difficile d’en choisir seulement quelques – uns.  Ceux qui sont nommés ici – uniquement dix parmi les milliers de monuments inscrits au Patrimoine culturel national – représentent seulement quelques – uns des plus connus, également sur le plan international.

Cette présentation est la traduction d’un article paru le 9 avril 2015 dans la version en ligne de la revue Historia. Quelques précisions ont été apportées par rapport à l'article roumain ainsi que l'ajout de photographies.


L’Athénée roumain (Ateneul român) est l’un des monuments les plus connus de Bucarest. En vue de la construction du bâtiment, on a organisé, à la fin du XIXéme siècle, une campagne publique pour lever des fonds avec comme slogan « Donnez un leu pour l’Athénée » (« Daţi un leu pentru Ateneul »). L’Athénée, œuvre de l’architecte français Albert Galleron, impressionne par son bâtiment de style néo-classique et éclectique mais aussi par ses peintures intérieures. La construction a débuté en 1886 et a été terminée en février 1888. 



Le Monastère de Voroneţ (Mănăştirea Voroneţ) a gagné, grâce à son extrême beauté, le nom de « Chapelle Sixtine de l’Est ». Fondée par Ştefan cel Mare (1433 – 1504), le monastère a été construit en 1488 en un temps record : trois mois et trois semaines. Le monastère est connu pour ses peintures : celles de l’intérieur, ayant été réalisées en 1496, datent de l’époque du prince Ştefan, alors que les peintures extérieures – avec ce fameux « bleu de Voroneţ » connu dans le monde entier – datent de l’époque de Petru Rareş (1483 - 1546). 


Le Palais Cantacuzino (Palatul Cantacuzino) de Bucarest, aujourd’hui Musée Georges Enescu , est l’œuvre du grand architecte Ion D. Berlindey. Terminé en 1902, le palais construit pour Gheorghe Cantacuzino (1832 – 1913) dit « Le Nabab » a été conçu en style baroque français. Le bâtiment impressionne non seulement par son architecture extérieure mais aussi par son architecture intérieure à laquelle ont contribué les plus grands artistes du monde (avec des peintures murales signées Nicolae Vermont, Arthur Verona et des sculptures d’Emil Wilhelm Becker). Depuis 2007, le Palais Cantacuzino fait partie de la liste des monuments inscrits au Patrimoine Européen.


Le casino de Constanţa (Cazinoul din Constanţa) devait être l’œuvre de l’architecte Petre Antonescu qui souhaitait construire un édifice à l’architecture d’inspiration roumaine.  Les plans ont été cependant modifiés à la demande de la Mairie, mais la réalisation du nouveau projet a été confiée à l’architecte Daniel Renard qui s’est dirigé vers une variante d’un style Art Nouveau, spécifique des casinos européens de l’époque. Le casino a été terminé et inauguré en 1912.


La Colonne de l’Infini ou Colonne sans fin (Coloana Infinitului) est l’une des œuvres les plus connues du sculpteur Constantin Brâncuşi (1876 – 1957). Elle fait partie de l’Ensemble Monumental de Târgu Jiu auquel appartiennent également la Porte du Baiser et la Table du Silence. Haute de 29 mètres, elle a été inaugurée en octobre 1938. Dédiée aux soldats roumains morts dans les combats du Jiu lors de la Première Guerre Mondiale, la Colonne était d’abord dénommée « La Colonne de la Reconnaissance sans Fin ».


Le Pont des Mensonges (Podul Minciunilor) compte parmi les objectifs les plus connus de la ville de Sibiu. Le pont métallique avec une passerelle pour les piétons a été construit en 1859 pour faire la liaison entre la Ville Basse et la Ville Haute, ou entre la Petite Place (Piaţa Mică) et la Place Huet (Piaţa Huet).  Il a été le deuxième pont européen construit en fonte et le premier de l’espace roumain.


L’église fortifiée de Viscri (Biserica fortificată din Viscri) date du XIIIéme siècle quand elle a été fondée à la place d’une ancienne basilique romane. Le monument, inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, comprend le bâtiment de l’église, l’enceinte fortifiée, deux tours et deux bastions ainsi qu’une tour de la porte.


Le Palais de la Culture de Iaşi (Palatul Culturi din Iaşi), fierté de la ville aux Sept Collines, a été construit sur l’emplacement de l’ancienne Cour Princière. La construction a débuté en 1906 et a été suspendue lors de la Première Guerre Mondiale (1916-1918) ; elle a été finalisée en 1925 (avec une inauguration en 1926). Le projet a été réalisé par l’architecte Ion D. Berindey en collaboration avec A.D. Xenopol et Grigore Cerchez. Le bâtiment impressionne par son style néo-gothique rarement rencontré dans l’espace roumain. 


Le château de Peleş de Sinaia (Castelul Peleş din Sinaia) a été construit suite au souhait du premier roi de Roumanie, Carol Ier. Au projet initié en 1873, ont collaboré les architectes Johannes Schultz, Carol Benesch et Karel Liman. La construction a duré dix ans, le palais étant inauguré en 1883, deux ans après la proclamation du Royaume de Roumanie. L’édification qui a connu de nombreuses modifications et extensions au fil du temps a été finalisée, dans la forme que nous lui connaissons aujourd’hui, en 1914 l’année même de la mort du roi Carol Ier.


L’Eglise Noire de Braşov (Biserica Neagră din Braşov) est l’une des plus impressionnantes constructions gothiques de Roumanie. A l’emplacement d’une ancienne église romane, a débuté en 1383 la construction d’une cathédrale gothique. Les travaux ont été suspendus en 1421 à cause d’une invasion ottomane ; cinquante ans plus tard, ç cause d’un tremblement de terre les plans ont été modifiés, en renonçant à l’élévation de la tour sud. La construction s’est terminée en 1477. L’église tire son nom de la couleur des murs suite à l’incendie de 1689.


Bien d'autres monuments manquent à l'appel: le château de Bran, le Palais du Parlement de Bucarest, l'Arc de Triomphe, l'église Stavropoleos.... Revenez sur mon blog pour voir si par hasard l'un de ces chefs d'oeuvre de l'architecture roumaine n'y figure pas. A bientôt.